NBA Paris Game 2023 : Retour sur l’ère des Bad-Boys de Detroit, les enfants terribles des 80’s et 90’s

536 Vues 0 Aimé
 

Ce jeudi 19 janvier 2023, les Detroit Pistons retrouvent les Chicago Bulls à l’AccorHotels Arena de Paris pour la deuxième édition du NBA Paris Game. Après un premier match en janvier 2020 entre les Hornets et les Bucks, il s’agit de la deuxième rencontre de saison régulière NBA de l’histoire à être délocalisée sur le territoire français. C’est donc une affiche particulière que propose la NBA cette année, en invitant dans la capitale deux franchises qui ont marqué la ligue dans les années 1980 et 1990.

A cette occasion, Basket4Ballers vous propose de vous replonger dans l’histoire des Pistons, et plus particulièrement de découvrir ou redécouvrir l’histoire des Bad-Boys de Detroit, une équipe qui a indéniablement marqué l’histoire de la Grande Ligue, mais aussi traumatisé un grand nombre de fans des franchises adverses, à commencer par ceux des Bulls de Chicago.

Qui sont les Bad Boys ?

Les Bad Boys, c’est l’histoire d’un groupe, d’un collectif, qui se hissa au sommet de la NBA pendant plusieurs années, dans une des époques que de nombreux observateurs considèrent comme une des plus denses et concurrentielles. En effet, qu’il s’agisse des Celtics de Larry Bird, des Lakers de Magic Johnson, ou encore des Bulls de Michael Jordan, aucune de ces équipes n’a su résister - pendant un temps - au fin mélange de talent et de vice des coéquipiers d’Isiah Thomas.

Adeptes des coups bas, d’une défense plus que rugueuse et faisant preuve d’une intensité de chaque instant, les enfants terribles de Detroit sont restés dans l’imaginaire collectif comme l’équipe au jeu le plus dirty de la Ligue. Pourtant, il serait réducteur de les résumer à celà, tant la qualité et l’efficacité de leur jeu ont contribué à l’émergence de cette équipe si particulière.

La naissance d’un groupe

Tout commence en 1981, quand les Pistons obtiennent le deuxième choix de la Draft. Alors que Dallas, en possession du first pick, sélectionne Mark Aguirre, Jack McCloskey, General Manager de la franchise du Michigan depuis 1979, a le champ libre pour drafter le deuxième prospect le plus en vue de la cuvée : Isiah Thomas. Celui que l’on surnomme “Zeke”, natif de Chicago, est alors forcément peu enclin à poser ses valises dans le Michigan voisin. Mais il ignore encore qu’il s’apprête à marquer à jamais l’histoire de “Motown”, surnom de la ville de Detroit, en référence à l’incroyable essor économique permis par l’industrie automobile dans la région depuis le début du XXème siècle.

Deux ans plus tard, en 1983, McCloskey juge les résultats de l’équipe insuffisants et s’active pour insuffler un nouvel esprit à la franchise. Le coach, Scott Robertson, est remplacé par Chuck Daly, dont les précédents résultats sont certes peu encourageants, mais dont les capacités de communicant et d’homme fédérateur sont identifiées par le GM. En parallèle, plusieurs trades sont montés, et aboutiront notamment à l’arrivée du pivot Bill Laimbeer en provenance des Cavaliers de Cleveland. Dès la première saison, ces mouvements portent leurs fruits puisque les Pistons parviennent à se qualifier pour les playoffs grâce à un bilan positif (46 V - 36 D). La draft 1985 permet à la franchise de récupérer l’arrière Joe Dumars, qui contribuera à stabiliser un collectif de plus en plus rôdé. En effet, ils atteignent dorénavant les playoffs chaque année.

C’est en 1987 que le terme “Bad-Boys” est utilisé pour la première fois par les médias pour qualifier les joueurs de la franchise du Michigan. En effet, Chuck Daly fait évoluer le jeu de son équipe, et place le combat physique au coeur du jeu, ce qui aura pour conséquence de parachever la réputation d’équipe au style dirty. Certains joueurs n’hésitent plus à faire usage de force et de rugosité pour développer leur jeu et prendre le meilleur sur leurs adversaires. Ainsi, Bill Laimbeer devint sûrement le joueur le plus détesté de l’histoire de la NBA. Si de nombreux joueurs des Pistons sont connus pour ne pas hésiter à mettre des coups pour imposer leur loi sur les parquets, Laimbeer est lui bien plus sulfureux. Véritable tête brulée, il n’hésite pas à faire mal, voire à volontairement  blesser ses adversaires, comme en témoigne Larry Bird : “Prenez son coéquipier Rick Mahorn, tu savais qu’il allait te taper mais il n’essayait pas de te blesser. Bill, lui, essayait.”

A l’assaut des Finales

En 1987 donc, les Pistons accèdent aux finales de la Conférence Est et affrontent les Boston Celtics. Lors du match 5, les coéquipiers d’Isiah Thomas sont en position favorable pour remporter le match et reprendre l’avantage du terrain pour mener 3 à 2. Mais le meneur des Pistons effectue une remise en jeu catastrophique, Larry Bird intercepte et délivre une passe à Dennis Johnson qui inscrit le lay-up décisif à une seconde du terme. Detroit perdra finalement la série en sept matchs.

L’année suivante, en 1988, Celtics et Pistons remettent le couvert en finales de Conférence NBA, et cette fois, c’est bien l’équipe de Motown qui remporte la série (4-2) et accède aux Finales NBA pour la première depuis 1956, quand les Pistons évoluaient encore à Fort Wayne. Detroit affronte alors les Los Angeles Lakers, champions en titre. Lors du game 6, et alors que les coéquipiers de Laimbeer et Dumars mènent la série 3 à 2, Isiah Thomas se tord la cheville droite dans le troisième quart-temps. Il compte alors 14 points dans la période, et revient en boitant dans le même quart pour inscrire 11 points supplémentaires. Il signe ainsi une performance historique, en scorant 25 points en un quart-temps sur un match de playoffs NBA, le tout sur une jambe et demie. Néanmoins, Los Angeles remporte le match et Zeke, trop diminué, est contraint de restreindre son temps de jeu lors du match 7, remporté par les Lakers.

L’intersaison 1988 est marquée par des modifications structurelles au sein de la Ligue. Une draft d’expansion, organisée suite à l’arrivée des franchises d’Orlando et de Minneapolis, contraint les Pistons à se séparer de Rick Mahorn, intérieur physique des Bad Boys, surnommé the « Baddest Bad Boy of them all » par le speaker de la franchise. Aussi, au cours de la saison 1988-1989, les Pistons font l’acquisition de Mark Aguirre en envoyant Adrian Dantley à Dallas. Un trade qui s’avéra payant car Aguirre, ami d’enfance d’Isiah Thomas, intégrera rapidement le style “Bad-Boys”.

On a alors le sentiment que malgré les coups du sort, ces Pistons finiront par trouver une ouverture et enfin glaner leur premier titre NBA. Néanmoins, ils doivent composer avec l’émergence des Chicago Bulls et d’un certain numéro 23 : Michael Jordan. Si les Bulls sont facilement écartés en 1988 en demi-finales de Conférence en 5 matchs, les hommes de Phil Jackson (coach des Bulls) se présenteront deux autres fois sur la route des Pistons en finales de Conférence Est en 1989 et 1990. Se pose alors la question suivante : comment limiter l’impact d’un joueur tel que Michael Jordan ?

C’est alors que Chuck Daly imagine les Jordan Rules. L’objectif ? Limiter et contenir le rendement de la star de Chicago en proposant un défi physique permanent : prise à deux, intensité défensive, fautes et coups bas : tous les moyens sont bons pour contrecarrer le plan de jeu des Bulls et de leur Franchise player. La stratégie fonctionne, et c’est ainsi que les Pistons accèdent deux fois de plus aux Finales NBA en 1989 et 1990. Ils signent alors un back-to-back en remportant le titre en prenant leur revanche sur les Lakers en les sweepant (4-0), puis en venant à bout des Blazers l’année suivante en 5 matchs. Joe Dumars puis Isiah Thomas remportent le titre de MVP des Finales.

La fin de l’ère des Bad-Boys

Alors que les Pistons étaient parvenus à interrompre l’hégémonie de deux mastodontes de la Ligue, à savoir les Celtics et les Lakers, Detroit ne parviendra pas à installer sa propre dynastie, et cela principalement en raison de la montée en puissance des Bulls de “His Airness”. En 1991, Bulls et Pistons se retrouvent une nouvelle fois en finales de Conférence Est. Mais cette fois-ci, les Bulls, plus matures et mieux préparés, relèvent parfaitement le défi et sweepent les Bad-Boys champions en titre.

Tant Detroit aura été dominé, le fait marquant de la série ne réside pas dans le jeu mais sur le bord du terrain. Lors du match 4, alors que le destin de la série est déjà plié, que les cadres des Pistons, sur le banc, ont abandonné tout espoir de succès et qu’il ne reste que quelques minutes de jeu dans le dernier quart, Thomas, Dumars, Laimbeer, Rodman et Aguirre notamment se lèvent, s’étreignent, se serrent la main et prennent la décision de quitter la salle avant même la fin du match. Une sortie qui provoquera un tollé médiatique sans précédent, et que Michael Jordan ne manquera pas de commenter. Si Isiah Thomas déclara regretter, Laimbeer, lui, instigateur de ce “walkoff”, n’exprima aucun remord.

Suite à cet épisode, les Bad-Boys s'étiolent peu à peu. Une défaite au premier tour contre les Knicks en 1992 (3-2), une non-qualification pour les playoffs l’année suivante, les joueurs cadres quittent l’équipe petit à petit : Rodman et Aguirre en 1993, Thomas pris sa retraite un an plus tard après une rupture du tendon d’Achille, Laimbeer fit de même la même année après seulement 11 matchs dans la saison. Ces Pistons version Bad-Boys sont et resteront une équipe à part, décriée à travers tout le pays, et qui aura souffert de son image d’équipe agressive. Isiah Thomas se verra mis de côté en 1992 pour les Jeux de Barcelone, et manquera donc d’intégrer  la légendaire Dream Team de 1992. L’épisode du “walkoff” n’aura de cesse de les suivre, alors que personne ne tint rigueur d’un acte similaire des Celtics de Bird et McHale dans le match 6 des finales de Conférence 1988, face aux Pistons, ironie du sort.

 
Publié dans: Edito, NBA