30 ans de la Dream Team : D'un stage d'entraînement au plus grand match jamais disputé
C’était le 8 août 1992. Il y a 30 ans, l’équipe américaine de basketball, la légendaire et prestigieuse Dream Team, ramenait sur ses terres la médaille d’or des Jeux Olympique de Barcelone. Le déroulé est généralement connu de tous avec la victoire sur tous les fronts pour notre équipe de rêve, marquant un écart moyen de 43,75 points à chacune de ses rencontres. Mais qu’en est-il du 22 juillet ? Ce jour durant lequel, selon les propres dires de Michael Jordan, a eu lieu “le plus grand match jamais disputé”. B4b Legends vous raconte.
B4b Legends : La légendaire USA Basketball Dream Team de 92
Les origines du rêve
La Dream Team : s’il y a bien une équipe qui porte parfaitement son nom, c’est elle. Pour la première fois dans l’histoire olympique*, la sélection américaine était ouverte aux joueurs professionnels issus des franchises NBA. C’est ainsi qu’en 1992, deux grandes générations de basketteurs se sont croisées pour former ce qui représente, encore aujourd’hui, l’une des plus grandes équipes de sport jamais créée : Charles Barkley, Larry Bird, Clyde Drexler, Patrick Ewing, Magic Johnson, Christian Laettner (l’unique joueur universitaire de ce collectif), Karl Malone, Chris Mullin, Scottie Pippen, David Robinson, John Stockton et bien évidemment sa grandeur Michael Jordan.
Le point anecdote : le leader des Bulls a failli ne pas apparaître dans cette incroyable liste. En effet, pour la petite histoire, quelques négociations ont dû être menées afin de convaincre Mike de mettre ses habituelles parties de golf estivales de côté, et d’intégrer ainsi la troupe.
Introduite au Basketball Hall of Fame en août 2010 (Karl Malone et Scottie Pippen ayant été intronisés le même jour) et en août 2017 au FIBA Hall of Fame, la Dream Team originelle a littéralement retourné le game. Dès le début du tournoi, les titans d’amérique du nord imposent leur domination : 136 à 57 en phase pré-olympique face aux cubains et 116 à 48 en tour préliminaire contre les angolais. Les succès s'enchaînent sans aucune difficulté pour l’escadron de Chuck Daly qui, de son côté, ne demande aucun temps mort pendant toute la compétition. Les Portoricains ne peuvent rien faire en quart-de-finale (115 - 77), et les Lituaniens, en demi, encore moins (127 - 76). La finale opposera les Etats-Unis à la Croatie où la victoire sera encore une fois sans appel. La médaille d’or est alors remise à la Dream Team et à ses 12 athlètes de légende.
*Auparavant, les Etats-Unis étaient représentés par des joueurs universitaires ou évoluant en Europe. Ce n’est qu’en 1989, après que le Comité international Olympique et la FIBA aient voté favorablement, que les joueurs NBA ont eu l’autorisation de jouer aux JO.
Le point statistique : au terme de ce championnat, Charles Barkley se positionne en tant que meilleur marqueur du groupe avec une moyenne de 18 points par match, suivi de Michael Jordan qui cumule une moyenne de 14,9. Le fraîchement transféré ailier fort des Suns va également montrer le meilleur pourcentage de réussite avec 71,1% ainsi qu’aux trois points avec 87,5%. Côté rebond, Karl Malone et Patrick Ewing se battent avec une moyenne de 5,3. Michael Jordan quant à lui, se place meilleur intercepteur du tournoi avec un total de 37, pendant que son coéquipier du buffle rouge, Scottie Pippen se retrouve meilleur passeur avec un total de 47. Enfin, Patrick Ewing marque le plus grand nombre de contre avec 15 au compteur.
En route vers les étoiles
C’était le 8 août 1992. L’épopée américaine du basketball olympique venait d’entrer dans les mémoires. Dès lors, tous les regards se sont tournés vers nos légendaires ballers. Au-delà d’être véritablement considérée comme la plus grande équipe de tous les temps, la Dream Team 92 donna un nouvel élan au sport du ballon orange en popularisant la NBA hors des USA. Le magazine Sports Illustrated lui-même, l’affichait sur sa première page, Jordan, Magic, Bird, Barkley, Malone et consorts n'avaient pas que conquis les JO, mais bel et bien toute la planète entière. Leur nom étaient sur toutes les lèvres. Tout le monde était fasciné par leurs aventures. Pourtant, certaines d'entre elles restent encore à ce jour fort mystérieuses. Que s’est-il notamment passé le 22 juillet 1992, ce fameux jour qui semble plus que jamais avoir marqué la vie de nos champions ? 30 années plus tard, il est temps de mettre en lumière l’un des événements les plus exceptionnels de l’histoire du basketball. Ses témoins y sont peu nombreux, et pourtant, il a eu lieu. Rembobinons le magnéto, voulez-vous.
La team USA vient d’arriver sur les terres de Monte Carlo. Chacun de ses membres est prêt à se mettre en condition avant le lancement des jeux officiels. C’est alors qu’en behind closed doors*, loin des regards du public, au stade omnisport de Fontvieille, commence un petit stage sportif pour nos 12 hommes. L’échauffement routinier s’effectue, suivi de quelques exercices de formation. Puis, ce qui devait rester qu’un simple entraînement de formalité va rapidement se transformer en une ultime bataille pour ses participants. En effet, bien déterminé à s’amuser avec le casting 5 étoiles qu’il détient entre ses mains, le coach Chuck Daly décide de faire monter la pression en organisant un vrai match entre ses joueurs. Son plan étant davantage construit afin de mettre en opposition Magic Johnson et Michael Jordan dont la rivalité n’était plus à prouver à l’époque. Cette composition va bien évidemment donner un tout autre ton à la rencontre.
*Seule une poignée de journalistes ont eu la chance d'assister à ce versus historique.
Le Clash des Titans
Sur le terrain, il y a d’un côté l’équipe bleue portée par le leader des Lakers, et de l’autre, l’équipe blanche par le 23 de Chicago. Les premiers instants donnent vite l’avantage au coin bleu qui va jusqu’à creuser un écart de 9 points. Magic s’en targue et ne lésine pas sur les tacles verbaux, notamment envers son cadet. Mais, comme le soutient Chris Mullin, “il en faut peu pour chauffer Mike” qui, pour ne pas changer, va prendre cette affaire très au sérieuse, pour ne pas dire, personnellement. Jordan saisit alors pleinement les rênes de sa team, bien décidé à montrer à qui appartient la NBA désormais. Dès lors, les deux camps se livrent une lutte sans merci où chacun y met véritablement du sien.
“C’est le meilleur match que j’ai jamais joué. Parce qu’il n’y avait pas de coaching. Il y avait un peu d’arbitrage… mais pas vraiment non plus [sourire]. Dix Hall of Fame étaient sur le terrain en face à face. Combien de fois c’est arrivé ça ? La manière dont nous avons joué, notre intensité, notre sueur, le trash-talking, et tout ce qui fait la beauté du basketball, tout ça était illustré dans ce match. Si vous prenez les gens dans le Hall of Fame et que vous imaginez à quoi ça ressemblerait un match, c’est comme ça que le basket doit être joué.” - Michael Jordan
Incontrôlable, sa majesté aligne shoot sur shoot sur Johnson. Mais ce dernier ne lâche rien et continue d’imposer son style sur le parquet avec ses singulières “no-look-pass”. Pendant ce temps, Barkley et Malone se bagarrent la raquette. Et c’est à coup de “fadeaway” et de “jump hook” que ça se joue. Enfin, non loin, sous la raquette, se mène un combat d’une puissance encore plus électrique. Il s’agit des pivots Robinson et Ewing qui, prêts à tout pour barricader les intérieurs, s’arrachent les rebonds tout en distribuant blocks et contres. A chaque remise en jeu, la tension monte d’un cran. Intenses, musclées et de surcroît, spectaculaires, les actions fusent au même rythme que les attaques orales. Les joueurs se rendent littéralement coup pour coup.
La nouvelle ère Jordan
Mais, malgré la détermination des deux clans, c’est finalement celui des blancs qui va réussir à décrocher la gagne avec une feuille de match qui se signe à 40-36. En grand vainqueur, MJ marque 17 points au compteur, lui permettant ainsi d’asseoir pleinement son autorité au sein de l’assemblée. Magic Johnson lui-même le reconnaît. Les mots de son jeune rival qui viendront clore cet épisode exceptionnel, semblent encore résonner dans son esprit comme au premier jour : “il y a un nouveau shérif dans la ville, et il se nomme Michael Jordan”. Face à quoi Larry et lui, eux qui avaient jusqu’à présent été maîtres de la ligue avec leurs couleurs respectives, celles des Celtics et des Lakers, ne pouvaient qu'acquiescer.
Les images de cet événement se veulent d’une grande rareté, ce qui ne fait qu’amplifier son aspect extraordinaire et mythique. C’est à ce moment, en conclusion de cet épique événement à Monaco, et pourtant jamais montré, que le flambeau fut transmis entre l’ancienne et la nouvelle génération. Au-delà d’une simple passation de pouvoir, la sacralisation de Jordan par la NBA elle-même venait d’avoir lieu. L’homme est devenu le basketteur, le sportif est devenu l’icône. De son charisme à sa mentalité, en passant par sa carrière et sa marque, Jordan inspire, motive, forme et continue de donner naissance à de nouveaux phénomènes du basket, voire même du sport en général. Une page de l’histoire venait ainsi de s’écrire, et une nouvelle ère de s’ouvrir.
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